Biographies
Fils d’ouvrier,
Léon
Delbecque
est né le 25 août 1919 à Tourcoing. Il
fait ses
études à l’Institut Saint Louis
à Tourcoing.
En 1938, il épouse Georgette
Desprez
qui lui
donnera trois enfants dont Guy, mort pour la France en
Algérie.
Membre actif de la résistance pendant la guerre de
1939-1945, il
débute, en 1946, comme contremaître dans une usine
de
textile dont il deviendra directeur en 1953. Parrainé par
Marie-Madeleine
Fourcade,
il milite
puis assume des responsabilités au R.P.F. dont il est
délégué pour le département
du Nord de 1947
à 1953. Par la suite, il devient secrétaire
général du centre des Républicains
Sociaux du Nord
en 1954. Il est également conseiller municipal et adjoint au
maire de Tourcoing de 1947 à 1959.
En 1957, il est au cabinet de Jacques Chaban-Delmas,
ministre de la Défense Nationale ; il se rend en
Algérie
au début de 1958 pour créer l’antenne
du
ministère à Alger. Il est l’un des
acteurs
essentiels dans la préparation des
événements de
mai 1958 et dans leur exploitation au bénéfice du
général de
Gaulle.
Vice-président du Comité de Salut Public
créé à Alger dès le 13 mai
1958, puis du
Comité de Salut Public d’Algérie et du
Sahara de
juin à octobre 1958, il est membre fondateur du
comité
central de l’U.N.R., est élu
député de Lille
et préside la commission des affaires culturelles de
l’assemblée nationale.
Sous les ordres du général
Lionel-Max Chassin,
ancien
coordinateur des forces aériennes de la zone Centre-Europe
de l’OTAN, des comités
secrets de salut public se forment à Lyon
(présidé par le général de
corps
d’armée Marcel Descour),
Bordeaux, La Rochelle, Nantes, Angers, Strasbourg et Marseille. Il
appelle à la
constitution de comités similaires dans chaque commune et
leur donne
instruction de se tenir prêts à prendre les
préfectures.
En
désaccord avec le parti gaulliste et par
fidélité
à ses convictions en faveur de
l’Algérie
française,
Léon DELBEQUE quitte l’U.N.R. et rejoint le groupe
parlementaire "Unité de la République"
avec lequel il vote l’amendement "Salan" en novembre 1961. Il
est
battu aux élections législatives de novembre 1962
et se
consacre à une carrière professionnelle dans le
secteur
du bâtiment et de l’aménagement du
territoire. En
1970, il se rapproche de Jacques
Soustelle
qui, de
retour d’exil, a créé le mouvement
"Progrès et Liberté". À la fin de sa
vie, il
confie à ses amis de 1958 son amertume d’avoir
participé, contre son gré, à la mise
en
œuvre de la plus mauvaise solution du problème
algérien. Il meurt à Tourcoing
le 9 décembre 1991.
Léon
Delbecque
était l’auteur d’un récit sur
les
événements liés au 13 mai 1958,
publié dans
l’ouvrage dirigé par Gilbert
Guilleminault
: "De Bardot
à
de Gaulle,
le roman vrai de la IVème
République" édité par Denoël
en 1972. Officier de la légion d’honneur,
Léon
Delbecque
était titulaire de la croix
de
guerre 1939-1945, de la médaille de la Résistance
et de la croix de la valeur militaire.
"Républicain et ami fidèle, rien ne
prédisposait ce fils du petit peuple des travailleurs
à un destin étonnant. Grand résistant,
" baron " de de GAULLE, ami de SOUSTELLE, conseiller d'Edouard HERRIOT,
Louis PRADEL et Francisque COLLOMB, Charles BERAUDIER a
été un grand Lyonnais et l'homme d'une
époque qui s'efface en cette fin de siècle
S'il fallait retenir une image de Charles BERAUDIER, c'est
bien celle de sa silhouette à la Falstaff. Mais ce
personnage de la démesure recelait de grandes
qualités : le courage et la tolérance,
l'intelligence et la pugnacité, la simplicité et
un sens profond de l'amitié. Autant d'atouts
confortés par sa croyance inaliénable
à la fidélité. Car c'est bien dans
cette marmite qu'il est tombé tout petit, puisant dans cette
potion magique d'une fidélité à toute
épreuve, le courage qui lui a permis de sortir en
héros de la tourmente de la deuxième guerre
mondiale et d'être le principal personnage de la vie
politique lyonnaise pendant près de trente-cinq
années. Toujours souriant, laissant souvent une
jovialité innée forcer les traits de son
personnage, Charles BERAUDIER a
cultivé, aussi,
sa grande faculté pour la discrétion qui lui
permettait de jouer l'homme de l'ombre et d'endosser avec
subtilité le costume d'éminence grise. Notre
confrère Pierre MERINDOL qui fut aussi un de ses
amis, aimait bien forcer l'image en disant de l'homme public :
" BERAUDIER est un
personnage de Guignol qui tire les ficelles
de la politique comme le Père MOURGUET derrière
son castellet !"
Rien ne prédisposait le petit Charles BERAUDIER,
né le 18 février 1920 à
Bourg-en-Bresse, à un pareil destin. Surtout pas ses
origines familiales. Car si certains naissent avec une
cuillère en or dans la bouche, Charles débarque
dans une famille où le dénominateur commun est
courage et travail. Un grand père d'origine italienne, un
oncle commerçant à Tenay et maire communiste de
cette commune, un père mécanicien. Orphelin de
père à deux ans, de mère à
quatre ans, il est élevé par ses grands-parents,
commerçants à Saint-Rambert-en-Bugey (Ain). Le
destin est en marche. Car c'est dans cette commune que, quelques
années plus tôt, est né un autre
Bugiste qui s'appelle Francisque COLLOMB. Ils deviendront copains
d'enfance et resteront amis pour l'éternité. De
cette époque, Francisque, septième rejeton d'une
famille d'ouvrier, retient : " L'un et l'autre, on a grandi dans cette
vallée de la misère. On était pauvre,
mais heureux. Le soir on se retrouvait dans la rue, on discutait, on
chantait. Le samedi, on allait au cinéma et le dimanche,
c'était le rugby".
Ceux qui l'ont connu se souviennent du portefeuille de
BéBé (ou de Lolo son deuxième surnom).
Aussi boursouflé que celui d'un maquignon ! Pour ne pas
aimer, à titre personnel, les moyens virtuels de paiement,
il y entassait ses coupures. Car jamais, il n'aurait eu
l'idée de régler ses lentilles et son
petit-salé avec une carte de crédit ! Mais dans
cet objet contorsionné à l'extrême,
Charles BERAUDIER y entassait
sa vie. Et de rire en vous
sortant ses multi-cartes, des lettres, des numéros de
téléphone, des secrets griffonnés
Alors qu'il se destine à l'Ecole nationale des contributions
et des finances, la crise de 1933 incurve à nouveau son
destin. Déjà baroudeur dans sa tête, il
milite aux Jeunesses socialistes de l'Ain où il prend
rapidement du galon. Il admire Léon BLUM. Il ne reniera
jamais cette période et plaisante même avec Pierre
MAUROY qui regrette d'avoir perdu un tel
phénomène politique. Et de rappeler toujours : "
Je suis socialiste au bon sens du terme, c'est-à-dire un
homme de progrès social ".
Le premier grand tournant de sa vie se situe fin 1942. Ils ne sont pas
encore nombreux. BéBé fait le bon choix de
plonger dans la Résistance. Il rejoint des " pros " sous les
ordres de Paul Rivière. Parachutages et atterrissages en
tout genre sous l'autorité du célèbre
Bureau de renseignement et d'action, basé à
Londres. " Galvany 20 ", c'est son nom de code, devient un permanent du
réseau. Faux papiers, fausse carte de travail, faux noms,
BéBé devient le parfait passe-muraille. Le temps
tout de même de faire connaissance avec " Gavany 24 " qui
deviendra, après la clandestinité,
Lucile BERAUDIER et
mère de deux enfants, un
garçon et une fille. Cette période des listes
rouges et des nuits noires, de la peur et des folles
espérances, lui donne l'occasion de rencontrer les hommes
d'une France déjà en reconstruction : Jacques
CHABAN-DELMAS, Vincent AURIOL, André BLUMEL, Jacques JARROT.
Autant d'amitiés vraies et solides qui, à la
Libération, l'ont conduit à rejoindre le
mouvement gaulliste. Il rencontre plusieurs fois le
général de GAULLE à
Colombey-les-Deux-Eglises. On dit même que le
Général s'amusait beaucoup de la gouaille de ce
fidèle de la première heure. Vrai ou faux, ce
dialogue entre les deux hommes est entré dans l'histoire : "
Alors, comment cela va-t-il dans l'Ain, BERAUDIER ? Toujours
premier, mon général. Du moins par ordre
alphabétique ! ".
Ami de Jacques SOUSTELLE, il le rejoint quand celui-ci est
nommé en 1955, gouverneur de l'Algérie. Toujours
dans l'ombre, il participe activement au retour au pouvoir du
général de GAULLE en 1958.
Parallèlement, Charles BERAUDIER construit
sa
carrière politique. En 1959, il est élu
député du Rhône avec
l'étiquette UNR. Des années 50 qui voient
également le paysage politique lyonnais se modifier. Louis
PRADEL succède à Edouard HERRIOT.
Charles BERAUDIER est
appelé pour s'occuper des finances.
Un poste qu'il ne quittera jamais. Il avait, d'ailleurs, comme un lien
viscéral avec le bâtiment de la Place des
Terreaux. À chaque échéance
électorale, lui qui refusait toujours de briguer la
première place, Charles BERAUDIER suppliait :
"
Donnez-moi ce que vous voulez, les espaces verts, le sport mais
laissez-moi mon bureau ! "
La vie n'est pas un long fleuve tranquille. Charles BERAUDIER va
connaître un vrai drame. Terrible car
il met en cause les deux notions de fidélité et
d'amitié. Le drame algérien sépare,
pour toujours, deux hommes : de GAULLE et SOUSTELLE. Charles BERAUDIER
défendra son ami en exil, mais puisera
jusqu'au plus profond de sa volonté la ressource
nécessaire pour sauvegarder une
fidélité " impossible " à l'homme de
Londres. L'épreuve est loin d'être
achevée. En 1976, Jacques SOUSTELLE qui est
revenu en
France, brigue le siège laissé vacant par la mort
de Louis PRADEL. Charles BERAUDIER soutient
son ami dans un
premier temps. Mais la raison politique l'emporte car les temps ont
changé et les rapports de force ne sont plus les
mêmes. BERAUDIER fait
élire Francisque COLLOMB.
L'éternel second moqué pour être
l'éternel second, de
Louis PRADEL, de Francisque COLLOMB et de Raymond BARRE (en seconde
position sur la liste pour les élections
régionales de 1986), Charles BERAUDIER a su
devenir un premier et grand président de la
région Rhône-Alpes. Il fut le premier, ainsi,
à croire dans le devenir international de sa
région, et contribua de façon efficace
à tisser les liens avec les grandes régions
européennes de Barcelone et de Milan.
Ami fidèle, Charles BERAUDIER a toujours
défendu les valeurs républicaines quelles
qu'aient pu être les circonstances. Président de
région avec une majorité très faible,
il était intransigeant avec les résultats du
suffrage universel tout en défendant son choix de faire
avancer les choses : " Je ne ménage personne. Ni de
l'extrême droite, ni de l'extrême gauche, ni
d'ailleurs. Je suis respectueux des décisions du suffrage
universel quelle que soit l'appartenance des élus. Quand je
suis d'accord avec eux, je le dis. Quand je ne le suis pas, je le dis
aussi ; même s'il s'agit de mes amis politiques. Je ne juge
pas les gens à la couleur de leurs bretelles. "
GÉRALD
PRÉVOST - 18 octobre 1998
Décédé
le 16 octobre 1988, Charles BERAUDIER est inhumé
au cimetière de Loyasse.
"En vingt ans, à la tête de la mairie de Lyon, Louis PRADEL a
tout simplement transformé sa ville en métropole. Et si aujourd'hui la
critique est aisée,
Louis PRADEL
reste un maire aimé de ses concitoyens qui ont toujours
plébiscité le travailleur inlassable et le personnage
atypique à l'humour
très " Café du Commerce "
Le dimanche 14 avril 1957, à l'âge de 51 ans, Louis PRADEL
succède à Edouard HERRIOT qui préside le conseil
municipal depuis 1905. Une élection rendue possible grâce
aux voix de la gauche et plus précisément à la
conjonction des voix radicales, socialistes et communistes ! Et c'est
ainsi que "Loulou", deuxième adjoint d'Edouard HERRIOT,
entré au conseil municipal en 1944, devient "Zizi", maire de
tous les Lyonnais. Les indépendants fulminent et promettent que
" PRADEL,
maire Front populaire" ne tiendra pas. En quelques semaines, le "front"
est oublié, le nouveau maire n'est plus que "populaire " . Et le
restera vingt ans !
Cette élection surprise, Louis PRADEL
l'a contée avec l'accent des traboules. " Premier tour : pas
d'élu. Deuxième tour : pas d'élu. Suspension de
séance. J'étais tranquillement assis à ma place,
on vient me chercher en me disant : " Viens donc au groupe radical, il
y a une réunion. Là, on me dit : " PINTON s'est fait
étendre deux fois, il n'a aucune chance. On pense à toi,
est-ce que tu acceptes ? " Je leur réponds : " Pensez-vous, j'ai
un match à l'O.L. J'ai mon gosse qui m'attend. Je n'ai pas
encore cassé la croûte " Il y a eu des pourparlers. Ca a
duré, duré. Finalement j'ai dit : " D'accord ". C'est
comme ça que je me suis trouvé élu maire de Lyon,
sans être candidat, au troisième tour à la
majorité absolue !
Ce fameux dimanche, un petit événement permet de mieux
camper le personnage. Il est 18 heures, l'huissier du " Progrès
" entrebâille la porte de la salle de rédaction : "Un
monsieur est là qui dit qu'il est le maire de Lyon". Mais oui,
c'est bien Louis PRADEL,
tout seul, qui explique qu'après être allé
déposer une gerbe sur la tombe d'Edouard HERRIOT, il a fait un
crochet par le journal : "Ma première visite est pour le
Progrès".
En attendant l'arrivée des dirigeants du journal - c'est
dimanche !- on l'installe dans le bureau directorial. Et là, ce
maire " tout neuf " va rêver tout haut de la ville qu'il veut
offrir aux Lyonnais.
Premier promoteur de France, cette ville, il la connaît par coeur,
pierre par pierre pour ainsi dire ! Louis PRADEL
est né le 5 décembre 1906, dans le 6ème
arrondissement, à l'angle de la rue Boileau où ses
parents tiennent le Café du Commerce. À 17 ans,
après des études au Collège technique de Tarare,
il entre comme apprenti chez Berliet, puis travaille dans plusieurs
entreprises. En 1950, il monte un cabinet d'expertise en assurances.
Pendant des années, il s'est rendu sur le lieu des accidents,
profitant de ces déplacements pour faire du porte à porte
" Vous m'avez écrit, je viens vous répondre à
domicile ! "
Cette ville, PRADEL
veut la voir bouger. Il l'aime à un point tel qu'aucun
superlatif n'est trop fort. Et de lui voir une destinée à
l'image de celle de Los Angeles. Alors, quand en 1963, le
Général de GAULLE, en visite à Lyon, le
complimenta pour son action par un "Vous êtes un grand
maire", PRADEL
en conclut : "Pour moi, c'était la reconnaissance que Lyon
était devenu une grande ville, une métropole qui ne soit
pas seulement chargée d'atténuer les difficultés
parisiennes, mais l'égale de Genève, Francfort ou Milan".
La grandeur de Lyon, PRADEL
l'a imaginée dans le chamboulement d'énormes projets.
S'auto-proclamant "premier promoteur de France", il gamberge avec sa
passion : "Voir pousser le béton". D'ailleurs, pendant quinze
ans, alors que la ville n'est qu'un immense chantier, il aime à
répéter, surtout aux journalistes parisiens qui viennent
enquêter sur la métamorphose de Lugdunum : "Le
père PRADEL
il boit pas, il fume pas, il drague pas, il cause pas, il construit",
en ajoutant une de ses petites phrases de comptoir dont il avait le
secret : "HERRIOT marchait avec une canne, je fonce avec un bulldozer".
Louis PRADEL
légitime sa fierté pour le béton en racontant avec
une sorte de délectation : "Je suis né 102 cours
Lafayette. Mes parents étaient propriétaires du
Café du Commerce. À l'heure actuelle, en lieu et place,
il y a une borne d'incendie. Je n'ai même pas respecté ma
maison, je l'ai rasée !". La liste des réalisations de ce
maire-bâtisseur est longue à vous donner le tournis comme
une toupie à béton : Palais des sports et plaine de jeux
de Gerland, nouveau quartier de la Duchère, la Part-Dieu (centre
commercial, parking, bibliothèque), le fameux tunnel sous
Fourvière, le Boulevard Jean XIII, le Boulevard des Etats-Unis,
l'élargissement des grands axes Duquesne, Lafayette, Gambetta,
Berthelot, le périphérique Laurent-Bonnevay, l'axe
Vivier-Merle-Boulevard des Tchécoslovaques et encore : une
dizaine de maisons de jeunes et de foyers de jeunes travailleurs, une
trentaine de maisons pour personnes âgées, les mairies des
8e et 9e, le Théâtre du 8e, les patinoires Charlemagne et
Baraban, le Centre nautique du quai Claude-Bernard, la piscine de
Vaise, le Centre international de recherches sur le cancer, les
hôpitaux cardiologique et neurologique et toujours : le
métro, le complexe autoroutier du Cours de Verdun, l'Hôtel
de la Communauté urbaine, des écoles, des crèches.
Louis PRADEL
a, aussi, largement oeuvré pour la disparition des bidonvilles.
Apolitisme pradélien, pourtant, sur la fin de son règne,
il opéra une conversion, dictée il est vrai par le
ras-le-bol grandissant des Lyonnais : "Maintenant je veux du vert, du
vert, du vert ", ajoutant : "Ce n'est pas moi qui en profiterai parce
qu'avant que cela soit réalisé, j'arriverai au bout du
rouleau. C'est mon successeur qui profitera du jardin".
Est-ce à dire qu'il se sentait menacé ? Certainement pas
car il savait qu'en retour de son amour pour sa ville, de son fanatisme
pour ainsi dire, le lien avec les Lyonnais serait le plus fort. Un
fameux sondage national réalisé en 1972 sur le " Meilleur
Maire ", avait offert à PRADEL
une place de choix dans un quartet en or avec dans l'ordre, le maire de
Marseille Gaston DEFERRE, le maire de Lyon Louis PRADEL,
le maire de Bordeaux Jacques CHABAN-DELMAS et le maire de Grenoble
Hubert DUBEDOUT !
Louis PRADEL,
" cet inconnu célèbre ", était loin d'être
un sot en politique. Radical, dans sa tête et dans son coeur, il
invente l'apolitisme pradélien pour n'être qu'un maire "
gestionnaire ", renonçant aux mandats nationaux. " Ailleurs "
comme d'autres s'y essayeront plus tard, il n'en est que plus
redoutable. Il fait peur aux cabinets ministériels car il aime "
causer " à la T.S.F. et prendre le pays à témoin :
"Le gouvernement, y me fait des misères ". Et les Lyonnais
apprécient, comme ils aiment la distance qu'il prend avec les
partis. En 1971, lors de la constitution des listes pour les
municipales, l'UDR qui tente, après de nombreux déboires,
une implantation durable sur la ville, choisit de pactiser. Mais les
émissaires gaullistes sont gourmands : "Si vous n'êtes pas
contents allez vous faire cuire un oeuf !" leur lance-t-il. Pour avoir
osé braver l'Etat-UDR, PRADEL
fait la Une de la presse locale et nationale. C'est à cette
occasion qu'avec une poignée d'amis, il invente le sigle
P.R.A.D.E.L. (Pour la Réalisation Active Des Espérances
Lyonnaises) afin que les électeurs se retrouvent dans les neuf
arrondissements Une idée de génie que tous copient
désormais !
Humour gaulois, l'origine de son surnom " Zizi " est plus
mystérieux. Bien sûr, il y a eu la grosse affaire des
proxos lyonnais qui a défrayé la chronique avec, dans la
foulée, la révolte des prostituées de
Saint-Nizier. Et puis, il y a ce fameux canular à l'humour
gaulois que Louis PRADEL
fait en direct à la " télé " un 1er avril.
Pour décrisper la situation créée par l'occupation
de l'église, et "parce qu'on ne peut pas couper le zizi à
tous les Lyonnais", Louis PRADEL
annonce, qu'en accord avec son conseil municipal, il a
décidé de faire construire un Eros Center sur la colline
de Fourvière, à l'emplacement d'un collège de
Jésuites. Précisant qu'il a envoyé une
délégation de techniciens en Allemagne pour
étudier la question, il lance sur un ton très
franchouillard : "Je crois qu'il fallait à Lyon un
établissement municipal de ce genre pour préserver le
plus vieux métier du monde "
En fait, le surnom de " Zizi " est bien antérieur à cet
épisode grivois. Et la vie bien rangée de ce père
de famille (deux filles et un garçon) ne permet pas
d'équivoque. Alors, peut-être le doit-il à son
passage dans la Résistance, dans le réseau du Coq
Enchaîné, car dès son entrée au conseil
municipal en 1944, il avait un surnom déjà tout
trouvé !
Et c'est à l'aube du 27 novembre 1976 que s'est éteint le
" roi du béton ", le " primat des gones ", cet " inconnu
célèbre " qui souleva la Coupe de France gagnée
par l'O.L. en 1973, serra la main de Deng XIAO-PING et aima Lyon comme
un fou.
GÉRALD
PRÉVOST - 1999
À
lire : Louis Pradel, Maire de Lyon, de
Laurent Sauzay, éditions Lyonnaises
Cette
figure de la Résistance lyonnaise, avocat, ancien
président de l'office HLM de Lyonet, ancien adjoint de Louis
PRADEL et Francisque COLLOMB vient de s'éteindre
à l'âge de 79 ans. "C'était un grand
nom de la Résistance, un ami cher. Il faisait toujours face
aux problèmes, rendant tous les services. Il avait un grand
coeur et savait ce qu'il voulait." Hier, à l'annonce de la
mort de Louis RIGAL, son ami et compagnon de Résistance,
Roger GROS n'avait pas assez de mots. De Louis RIGAL (Louis Marie
Lucien RIGADE, de son nom de résistant), il rappelle son
implication dans le milieu étudiant lyonnais, où
il avait été un des membres fondateur du
mouvement des Forces Unies de la Jeunesse (FUJ) "il y a fait un travail
énorme". Son implication dans la Résistance ne
l'avait d'ailleurs jamais quitté. Louis RIGAL,
médaillé de la Résistance,
était encore président des combattants
volontaires de la Résistance (CVR) et
vice-président de la section du Rhône des
médaillés de la Résistance. Il avait,
en 1995, fait don au musée de l'imprimerie de Lyon, d'une
presse qui avait servi à imprimer clandestinement des
numéros de "Combat" sous l'Occupation. Mais, de l'homme de
combat Louis RIGAL, on connaissait aussi le titre d'avocat au barreau
de Lyon, et la longue carrière politique. Il avait
intégré le conseil municipal en 1953 avec Edouard
HERRIOT puis, ami de SOUSTELLE et de BERAUDIER, il avait
occupé différents postes d'adjoints dans
l'équipe de Louis PRADEL et Francisque COLLOMB. Ce politique
avait aussi été conseiller
général du 13e canton, conseiller
régional et avait tenu pendant trente-cinq ans le poste de
président de l'office HLM de la ville de Lyon. Jean MIRIOT,
ancien conseiller municipal de l'époque et ami de Louis
RIGAL, avec qui il avait pris l'habitude d'aller converser tous les
mardis, garde de lui l'image d'un "honnête homme", qui
perpétuera "le souvenir de la Résistance". Les
obsèques de Louis RIGAL ont eu lieu jeudi 19 juillet
à Villieu (01).
Laurent
THEVENOT - 2001
Maître Louis Rigal,
conseiller général et ancien adjoint au maire de Lyon à la
mairie du 8ème arrondissement, a été président de l’OPAC du
Grand Lyon de 1959 à 1989 (ex-Office HLM de la ville de Lyon).
Jacques
SOUSTELLE :
Né
le
3 février 1912 à Montpellier, Jacques Soustelle
a fait ses études
de lettres et de philosophie à Lyon. Reçu premier
au
concours de l’École normale supérieure
en 1929, il
est
diplômé d’ethnologie
(1930), professeur
agrégé de l’université
(1932) et docteur
ès lettres (1937). Chargé de plusieurs missions
scientifiques au Mexique de 1932 à 1940,
spécialiste des
civilisations autochtones de l’Amérique, il
devient sous-directeur du musée de l’Homme,
chargé
de cours au Collège de France et à
l’École
nationale de la France d’outre-mer. Il est professeur
à
l’École des hautes études en sciences
sociales
depuis 1951.
Après l’armistice de juin 1940, il rejoint les
Forces
françaises libres à Londres. Il est
chargé par le
général de
Gaulle
d’une
mission diplomatique en Amérique latine (1941), puis assume
le
commissariat national à l’Information (1942).
Les principales étapes de sa carrière politique
sont
énumérées ci-après :
directeur
général des Services d’action en
France, à
Alger
(1943-1944), commissaire de la République à
Bordeaux,
député à la première
Assemblée
constituante, ministre de l’Information, puis des Colonies
(1945),
secrétaire général du RPF (1947),
député du Rhône (1951,
réélu en 1956,
1968 et
1973), gouverneur général de
l’Algérie
(1955-1956), ministre de l’Information dans le gouvernement
de
Gaulle
(1958),
ministre délégué auprès du
Premier
ministre, chargé du Sahara, des DOM et TOM et des Affaires
atomiques dans le gouvernement Debré (1959-1960).
Ayant démissionné, il séjourne
à
l’étranger de 1961 à 1968, puis rentre
en France
après avoir écrit plusieurs ouvrages
scientifiques ou
politiques.
Réélu député du
Rhône, il
siège à l’assemblée
parlementaire du Conseil
de l’Europe
et à l’assemblée de l’Union
de l’Europe
occidentale en 1973. Chargé par le président de
la
République d’une mission parlementaire
auprès du
premier ministre, il dépose en 1975 un rapport sur la
recherche
française en anthropologie et archéologie.
Il est élu président du "Groupe PACT"
(Application des
techniques physico-chimiques à
l’archéologie) du
Conseil de l’Europe à Strasbourg (1975).
Il est chargé de plusieurs missions économiques
et
culturelles au Mexique et en Amérique du Sud.
Il reçoit le prix international Alfonso-Reyes en 1981.
Membre du
conseil d’administration des Alliances
françaises, président du Centre universitaire
européen pour les biens culturels (Ravello, Italie) relevant
du
Conseil de l’Europe à Strasbourg
(1982), il est élu à
l’Académie
française, le 2 juin 1983, au fauteuil de Pierre
Gaxotte
(36e) et est reçu sous la coupole le 24 mai 1984 par Jean
Dutourd.
Jacques SOUSTELLE
est mort le 6 août
1990.
Il était commandeur de la Légion d'honneur et
médaillé de la Résistance avec rosette.
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