Biographies

 


Fils d’ouvrier, Léon Delbecque est né le 25 août 1919 à Tourcoing. Il fait ses études à l’Institut Saint Louis à Tourcoing. En 1938, il épouse Georgette Desprez qui lui donnera trois enfants dont Guy, mort pour la France en Algérie. Membre actif de la résistance pendant la guerre de 1939-1945, il débute, en 1946, comme contremaître dans une usine de textile dont il deviendra directeur en 1953. Parrainé par Marie-Madeleine Fourcade, il milite puis assume des responsabilités au R.P.F. dont il est délégué pour le département du Nord de 1947 à 1953. Par la suite, il devient secrétaire général du centre des Républicains Sociaux du Nord en 1954. Il est également conseiller municipal et adjoint au maire de Tourcoing de 1947 à 1959.

En 1957, il est au cabinet de Jacques Chaban-Delmas, ministre de la Défense Nationale ; il se rend en Algérie au début de 1958 pour créer l’antenne du ministère à Alger. Il est l’un des acteurs essentiels dans la préparation des événements de mai 1958 et dans leur exploitation au bénéfice du général de Gaulle. Vice-président du Comité de Salut Public créé à Alger dès le 13 mai 1958, puis du Comité de Salut Public d’Algérie et du Sahara de juin à octobre 1958, il est membre fondateur du comité central de l’U.N.R., est élu député de Lille et préside la commission des affaires culturelles de l’assemblée nationale. Sous les ordres du général Lionel-Max Chassin, ancien coordinateur des forces aériennes de la zone Centre-Europe de l’OTAN, des comités secrets de salut public se forment à Lyon (présidé par le général de corps d’armée Marcel Descour), Bordeaux, La Rochelle, Nantes, Angers, Strasbourg et Marseille. Il appelle à la constitution de comités similaires dans chaque commune et leur donne instruction de se tenir prêts à prendre les préfectures.

En désaccord avec le parti gaulliste et par fidélité à ses convictions en faveur de l’Algérie française, Léon DELBEQUE quitte l’U.N.R. et rejoint le groupe parlementaire "Unité de la République" avec lequel il vote l’amendement "Salan" en novembre 1961. Il est battu aux élections législatives de novembre 1962 et se consacre à une carrière professionnelle dans le secteur du bâtiment et de l’aménagement du territoire. En 1970, il se rapproche de Jacques Soustelle qui, de retour d’exil, a créé le mouvement "Progrès et Liberté". À la fin de sa vie, il confie à ses amis de 1958 son amertume d’avoir participé, contre son gré, à la mise en œuvre de la plus mauvaise solution du problème algérien. Il meurt à Tourcoing le 9 décembre 1991.

Léon Delbecque était l’auteur d’un récit sur les événements liés au 13 mai 1958, publié dans l’ouvrage dirigé par Gilbert Guilleminault : "De Bardot à de Gaulle, le roman vrai de la IVème République" édité par Denoël en 1972. Officier de la légion d’honneur, Léon Delbecque était titulaire de la croix d
e guerre 1939-1945, de la médaille de la Résistance et de la croix de la valeur militaire.


"Républicain et ami fidèle, rien ne prédisposait ce fils du petit peuple des travailleurs à un destin étonnant. Grand résistant, " baron " de de GAULLE, ami de SOUSTELLE, conseiller d'Edouard HERRIOT, Louis PRADEL et Francisque COLLOMB, Charles BERAUDIER a été un grand Lyonnais et l'homme d'une époque qui s'efface en cette fin de siècle S'il fallait retenir une image de Charles 
BERAUDIER, c'est bien celle de sa silhouette à la Falstaff. Mais ce personnage de la démesure recelait de grandes qualités : le courage et la tolérance, l'intelligence et la pugnacité, la simplicité et un sens profond de l'amitié. Autant d'atouts confortés par sa croyance inaliénable à la fidélité. Car c'est bien dans cette marmite qu'il est tombé tout petit, puisant dans cette potion magique d'une fidélité à toute épreuve, le courage qui lui a permis de sortir en héros de la tourmente de la deuxième guerre mondiale et d'être le principal personnage de la vie politique lyonnaise pendant près de trente-cinq années. Toujours souriant, laissant souvent une jovialité innée forcer les traits de son personnage, Charles BERAUDIER a cultivé, aussi, sa grande faculté pour la discrétion qui lui permettait de jouer l'homme de l'ombre et d'endosser avec subtilité le costume d'éminence grise. Notre confrère Pierre MERINDOL qui fut aussi un de ses amis, aimait bien forcer l'image en disant de l'homme public : " BERAUDIER est un personnage de Guignol qui tire les ficelles de la politique comme le Père MOURGUET derrière son castellet !"

Rien ne prédisposait le petit Charles 
BERAUDIER, né le 18 février 1920 à Bourg-en-Bresse, à un pareil destin. Surtout pas ses origines familiales. Car si certains naissent avec une cuillère en or dans la bouche, Charles débarque dans une famille où le dénominateur commun est courage et travail. Un grand père d'origine italienne, un oncle commerçant à Tenay et maire communiste de cette commune, un père mécanicien. Orphelin de père à deux ans, de mère à quatre ans, il est élevé par ses grands-parents, commerçants à Saint-Rambert-en-Bugey (Ain). Le destin est en marche. Car c'est dans cette commune que, quelques années plus tôt, est né un autre Bugiste qui s'appelle Francisque COLLOMB. Ils deviendront copains d'enfance et resteront amis pour l'éternité. De cette époque, Francisque, septième rejeton d'une famille d'ouvrier, retient : " L'un et l'autre, on a grandi dans cette vallée de la misère. On était pauvre, mais heureux. Le soir on se retrouvait dans la rue, on discutait, on chantait. Le samedi, on allait au cinéma et le dimanche, c'était le rugby". Ceux qui l'ont connu se souviennent du portefeuille de BéBé (ou de Lolo son deuxième surnom). Aussi boursouflé que celui d'un maquignon ! Pour ne pas aimer, à titre personnel, les moyens virtuels de paiement, il y entassait ses coupures. Car jamais, il n'aurait eu l'idée de régler ses lentilles et son petit-salé avec une carte de crédit ! Mais dans cet objet contorsionné à l'extrême, Charles BERAUDIER y entassait sa vie. Et de rire en vous sortant ses multi-cartes, des lettres, des numéros de téléphone, des secrets griffonnés Alors qu'il se destine à l'Ecole nationale des contributions et des finances, la crise de 1933 incurve à nouveau son destin. Déjà baroudeur dans sa tête, il milite aux Jeunesses socialistes de l'Ain où il prend rapidement du galon. Il admire Léon BLUM. Il ne reniera jamais cette période et plaisante même avec Pierre MAUROY qui regrette d'avoir perdu un tel phénomène politique. Et de rappeler toujours : " Je suis socialiste au bon sens du terme, c'est-à-dire un homme de progrès social ". Le premier grand tournant de sa vie se situe fin 1942. Ils ne sont pas encore nombreux. BéBé fait le bon choix de plonger dans la Résistance. Il rejoint des " pros " sous les ordres de Paul Rivière. Parachutages et atterrissages en tout genre sous l'autorité du célèbre Bureau de renseignement et d'action, basé à Londres. " Galvany 20 ", c'est son nom de code, devient un permanent du réseau. Faux papiers, fausse carte de travail, faux noms, BéBé devient le parfait passe-muraille. Le temps tout de même de faire connaissance avec " Gavany 24 " qui deviendra, après la clandestinité, Lucile BERAUDIER et mère de deux enfants, un garçon et une fille. Cette période des listes rouges et des nuits noires, de la peur et des folles espérances, lui donne l'occasion de rencontrer les hommes d'une France déjà en reconstruction : Jacques CHABAN-DELMAS, Vincent AURIOL, André BLUMEL, Jacques JARROT. Autant d'amitiés vraies et solides qui, à la Libération, l'ont conduit à rejoindre le mouvement gaulliste. Il rencontre plusieurs fois le général de GAULLE à Colombey-les-Deux-Eglises. On dit même que le Général s'amusait beaucoup de la gouaille de ce fidèle de la première heure. Vrai ou faux, ce dialogue entre les deux hommes est entré dans l'histoire : " Alors, comment cela va-t-il dans l'Ain, BERAUDIER ? Toujours premier, mon général. Du moins par ordre alphabétique ! ".

Ami de Jacques SOUSTELLE, il le rejoint quand celui-ci est nommé en 1955, gouverneur de l'Algérie. Toujours dans l'ombre, il participe activement au retour au pouvoir du général de GAULLE en 1958. Parallèlement, Charles 
BERAUDIER construit sa carrière politique. En 1959, il est élu député du Rhône avec l'étiquette UNR. Des années 50 qui voient également le paysage politique lyonnais se modifier. Louis PRADEL succède à Edouard HERRIOT. Charles BERAUDIER est appelé pour s'occuper des finances. Un poste qu'il ne quittera jamais. Il avait, d'ailleurs, comme un lien viscéral avec le bâtiment de la Place des Terreaux. À chaque échéance électorale, lui qui refusait toujours de briguer la première place, Charles BERAUDIER suppliait : " Donnez-moi ce que vous voulez, les espaces verts, le sport mais laissez-moi mon bureau ! " La vie n'est pas un long fleuve tranquille. Charles BERAUDIER va connaître un vrai drame. Terrible car il met en cause les deux notions de fidélité et d'amitié. Le drame algérien sépare, pour toujours, deux hommes : de GAULLE et SOUSTELLE. Charles BERAUDIER défendra son ami en exil, mais puisera jusqu'au plus profond de sa volonté la ressource nécessaire pour sauvegarder une fidélité " impossible " à l'homme de Londres. L'épreuve est loin d'être achevée. En 1976, Jacques SOUSTELLE qui est revenu en France, brigue le siège laissé vacant par la mort de Louis PRADEL. Charles BERAUDIER soutient son ami dans un premier temps. Mais la raison politique l'emporte car les temps ont changé et les rapports de force ne sont plus les mêmes. BERAUDIER fait élire Francisque COLLOMB. L'éternel second moqué pour être l'éternel second, de Louis PRADEL, de Francisque COLLOMB et de Raymond BARRE (en seconde position sur la liste pour les élections régionales de 1986), Charles BERAUDIER a su devenir un premier et grand président de la région Rhône-Alpes. Il fut le premier, ainsi, à croire dans le devenir international de sa région, et contribua de façon efficace à tisser les liens avec les grandes régions européennes de Barcelone et de Milan. Ami fidèle, Charles BERAUDIER a toujours défendu les valeurs républicaines quelles qu'aient pu être les circonstances. Président de région avec une majorité très faible, il était intransigeant avec les résultats du suffrage universel tout en défendant son choix de faire avancer les choses : " Je ne ménage personne. Ni de l'extrême droite, ni de l'extrême gauche, ni d'ailleurs. Je suis respectueux des décisions du suffrage universel quelle que soit l'appartenance des élus. Quand je suis d'accord avec eux, je le dis. Quand je ne le suis pas, je le dis aussi ; même s'il s'agit de mes amis politiques. Je ne juge pas les gens à la couleur de leurs bretelles. "

GÉRALD PRÉVOST - 18 octobre 1998
Décédé le 16 octobre 1988, Charles BERAUDIER est inhumé au cimetière de Loyasse.



"En vingt ans, à la tête de la mairie de Lyon, Louis 
PRADEL a tout simplement transformé sa ville en métropole. Et si aujourd'hui la critique est aisée, Louis PRADEL reste un maire aimé de ses concitoyens qui ont toujours plébiscité le travailleur inlassable et le personnage atypique à l'humour très " Café du Commerce " Le dimanche 14 avril 1957, à l'âge de 51 ans, Louis PRADEL succède à Edouard HERRIOT qui préside le conseil municipal depuis 1905. Une élection rendue possible grâce aux voix de la gauche et plus précisément à la conjonction des voix radicales, socialistes et communistes ! Et c'est ainsi que "Loulou", deuxième adjoint d'Edouard HERRIOT, entré au conseil municipal en 1944, devient "Zizi", maire de tous les Lyonnais. Les indépendants fulminent et promettent que " PRADEL, maire Front populaire" ne tiendra pas. En quelques semaines, le "front" est oublié, le nouveau maire n'est plus que "populaire " . Et le restera vingt ans ! Cette élection surprise, Louis PRADEL l'a contée avec l'accent des traboules. " Premier tour : pas d'élu. Deuxième tour : pas d'élu. Suspension de séance. J'étais tranquillement assis à ma place, on vient me chercher en me disant : " Viens donc au groupe radical, il y a une réunion. Là, on me dit : " PINTON s'est fait étendre deux fois, il n'a aucune chance. On pense à toi, est-ce que tu acceptes ? " Je leur réponds : " Pensez-vous, j'ai un match à l'O.L. J'ai mon gosse qui m'attend. Je n'ai pas encore cassé la croûte " Il y a eu des pourparlers. Ca a duré, duré. Finalement j'ai dit : " D'accord ". C'est comme ça que je me suis trouvé élu maire de Lyon, sans être candidat, au troisième tour à la majorité absolue ! Ce fameux dimanche, un petit événement permet de mieux camper le personnage. Il est 18 heures, l'huissier du " Progrès " entrebâille la porte de la salle de rédaction : "Un monsieur est là qui dit qu'il est le maire de Lyon". Mais oui, c'est bien Louis PRADEL, tout seul, qui explique qu'après être allé déposer une gerbe sur la tombe d'Edouard HERRIOT, il a fait un crochet par le journal : "Ma première visite est pour le Progrès". En attendant l'arrivée des dirigeants du journal - c'est dimanche !- on l'installe dans le bureau directorial. Et là, ce maire " tout neuf " va rêver tout haut de la ville qu'il veut offrir aux Lyonnais.

Premier promoteur de France, cette ville, il la connaît par coeur, pierre par pierre pour ainsi dire ! Louis 
PRADEL est né le 5 décembre 1906, dans le 6ème arrondissement, à l'angle de la rue Boileau où ses parents tiennent le Café du Commerce. À 17 ans, après des études au Collège technique de Tarare, il entre comme apprenti chez Berliet, puis travaille dans plusieurs entreprises. En 1950, il monte un cabinet d'expertise en assurances. Pendant des années, il s'est rendu sur le lieu des accidents, profitant de ces déplacements pour faire du porte à porte " Vous m'avez écrit, je viens vous répondre à domicile ! " Cette ville, PRADEL veut la voir bouger. Il l'aime à un point tel qu'aucun superlatif n'est trop fort. Et de lui voir une destinée à l'image de celle de Los Angeles. Alors, quand en 1963, le Général de GAULLE, en visite à Lyon, le complimenta pour son action par un "Vous êtes un grand maire", PRADEL en conclut : "Pour moi, c'était la reconnaissance que Lyon était devenu une grande ville, une métropole qui ne soit pas seulement chargée d'atténuer les difficultés parisiennes, mais l'égale de Genève, Francfort ou Milan". La grandeur de Lyon, PRADEL l'a imaginée dans le chamboulement d'énormes projets. S'auto-proclamant "premier promoteur de France", il gamberge avec sa passion : "Voir pousser le béton". D'ailleurs, pendant quinze ans, alors que la ville n'est qu'un immense chantier, il aime à répéter, surtout aux journalistes parisiens qui viennent enquêter sur la métamorphose de Lugdunum : "Le père PRADEL il boit pas, il fume pas, il drague pas, il cause pas, il construit", en ajoutant une de ses petites phrases de comptoir dont il avait le secret : "HERRIOT marchait avec une canne, je fonce avec un bulldozer". Louis PRADEL légitime sa fierté pour le béton en racontant avec une sorte de délectation : "Je suis né 102 cours Lafayette. Mes parents étaient propriétaires du Café du Commerce. À l'heure actuelle, en lieu et place, il y a une borne d'incendie. Je n'ai même pas respecté ma maison, je l'ai rasée !". La liste des réalisations de ce maire-bâtisseur est longue à vous donner le tournis comme une toupie à béton : Palais des sports et plaine de jeux de Gerland, nouveau quartier de la Duchère, la Part-Dieu (centre commercial, parking, bibliothèque), le fameux tunnel sous Fourvière, le Boulevard Jean XIII, le Boulevard des Etats-Unis, l'élargissement des grands axes Duquesne, Lafayette, Gambetta, Berthelot, le périphérique Laurent-Bonnevay, l'axe Vivier-Merle-Boulevard des Tchécoslovaques et encore : une dizaine de maisons de jeunes et de foyers de jeunes travailleurs, une trentaine de maisons pour personnes âgées, les mairies des 8e et 9e, le Théâtre du 8e, les patinoires Charlemagne et Baraban, le Centre nautique du quai Claude-Bernard, la piscine de Vaise, le Centre international de recherches sur le cancer, les hôpitaux cardiologique et neurologique et toujours : le métro, le complexe autoroutier du Cours de Verdun, l'Hôtel de la Communauté urbaine, des écoles, des crèches. Louis PRADEL a, aussi, largement oeuvré pour la disparition des bidonvilles. Apolitisme pradélien, pourtant, sur la fin de son règne, il opéra une conversion, dictée il est vrai par le ras-le-bol grandissant des Lyonnais : "Maintenant je veux du vert, du vert, du vert ", ajoutant : "Ce n'est pas moi qui en profiterai parce qu'avant que cela soit réalisé, j'arriverai au bout du rouleau. C'est mon successeur qui profitera du jardin".

Est-ce à dire qu'il se sentait menacé ? Certainement pas car il savait qu'en retour de son amour pour sa ville, de son fanatisme pour ainsi dire, le lien avec les Lyonnais serait le plus fort. Un fameux sondage national réalisé en 1972 sur le " Meilleur Maire ", avait offert à 
PRADEL une place de choix dans un quartet en or avec dans l'ordre, le maire de Marseille Gaston DEFERRE, le maire de Lyon Louis PRADEL, le maire de Bordeaux Jacques CHABAN-DELMAS et le maire de Grenoble Hubert DUBEDOUT ! Louis PRADEL, " cet inconnu célèbre ", était loin d'être un sot en politique. Radical, dans sa tête et dans son coeur, il invente l'apolitisme pradélien pour n'être qu'un maire " gestionnaire ", renonçant aux mandats nationaux. " Ailleurs " comme d'autres s'y essayeront plus tard, il n'en est que plus redoutable. Il fait peur aux cabinets ministériels car il aime " causer " à la T.S.F. et prendre le pays à témoin : "Le gouvernement, y me fait des misères ". Et les Lyonnais apprécient, comme ils aiment la distance qu'il prend avec les partis. En 1971, lors de la constitution des listes pour les municipales, l'UDR qui tente, après de nombreux déboires, une implantation durable sur la ville, choisit de pactiser. Mais les émissaires gaullistes sont gourmands : "Si vous n'êtes pas contents allez vous faire cuire un oeuf !" leur lance-t-il. Pour avoir osé braver l'Etat-UDR, PRADEL fait la Une de la presse locale et nationale. C'est à cette occasion qu'avec une poignée d'amis, il invente le sigle P.R.A.D.E.L. (Pour la Réalisation Active Des Espérances Lyonnaises) afin que les électeurs se retrouvent dans les neuf arrondissements Une idée de génie que tous copient désormais ! Humour gaulois, l'origine de son surnom " Zizi " est plus mystérieux. Bien sûr, il y a eu la grosse affaire des proxos lyonnais qui a défrayé la chronique avec, dans la foulée, la révolte des prostituées de Saint-Nizier. Et puis, il y a ce fameux canular à l'humour gaulois que Louis PRADEL fait en direct à la " télé " un 1er avril. Pour décrisper la situation créée par l'occupation de l'église, et "parce qu'on ne peut pas couper le zizi à tous les Lyonnais", Louis PRADEL annonce, qu'en accord avec son conseil municipal, il a décidé de faire construire un Eros Center sur la colline de Fourvière, à l'emplacement d'un collège de Jésuites. Précisant qu'il a envoyé une délégation de techniciens en Allemagne pour étudier la question, il lance sur un ton très franchouillard : "Je crois qu'il fallait à Lyon un établissement municipal de ce genre pour préserver le plus vieux métier du monde " En fait, le surnom de " Zizi " est bien antérieur à cet épisode grivois. Et la vie bien rangée de ce père de famille (deux filles et un garçon) ne permet pas d'équivoque. Alors, peut-être le doit-il à son passage dans la Résistance, dans le réseau du Coq Enchaîné, car dès son entrée au conseil municipal en 1944, il avait un surnom déjà tout trouvé ! Et c'est à l'aube du 27 novembre 1976 que s'est éteint le " roi du béton ", le " primat des gones ", cet " inconnu célèbre " qui souleva la Coupe de France gagnée par l'O.L. en 1973, serra la main de Deng XIAO-PING et aima Lyon comme un fou.
GÉRALD PRÉVOST - 1999
À lire : Louis Pradel, Maire de Lyon, de Laurent Sauzay, éditions Lyonnaises
Cette figure de la Résistance lyonnaise, avocat, ancien président de l'office HLM de Lyonet, ancien adjoint de Louis PRADEL et Francisque COLLOMB vient de s'éteindre à l'âge de 79 ans. "C'était un grand nom de la Résistance, un ami cher. Il faisait toujours face aux problèmes, rendant tous les services. Il avait un grand coeur et savait ce qu'il voulait." Hier, à l'annonce de la mort de Louis RIGAL, son ami et compagnon de Résistance, Roger GROS n'avait pas assez de mots. De Louis RIGAL (Louis Marie Lucien RIGADE, de son nom de résistant), il rappelle son implication dans le milieu étudiant lyonnais, où il avait été un des membres fondateur du mouvement des Forces Unies de la Jeunesse (FUJ) "il y a fait un travail énorme". Son implication dans la Résistance ne l'avait d'ailleurs jamais quitté. Louis RIGAL, médaillé de la Résistance, était encore président des combattants volontaires de la Résistance (CVR) et vice-président de la section du Rhône des médaillés de la Résistance. Il avait, en 1995, fait don au musée de l'imprimerie de Lyon, d'une presse qui avait servi à imprimer clandestinement des numéros de "Combat" sous l'Occupation. Mais, de l'homme de combat Louis RIGAL, on connaissait aussi le titre d'avocat au barreau de Lyon, et la longue carrière politique. Il avait intégré le conseil municipal en 1953 avec Edouard HERRIOT puis, ami de SOUSTELLE et de BERAUDIER, il avait occupé différents postes d'adjoints dans l'équipe de Louis PRADEL et Francisque COLLOMB. Ce politique avait aussi été conseiller général du 13e canton, conseiller régional et avait tenu pendant trente-cinq ans le poste de président de l'office HLM de la ville de Lyon. Jean MIRIOT, ancien conseiller municipal de l'époque et ami de Louis RIGAL, avec qui il avait pris l'habitude d'aller converser tous les mardis, garde de lui l'image d'un "honnête homme", qui perpétuera "le souvenir de la Résistance". Les obsèques de Louis RIGAL ont eu lieu jeudi 19 juillet à Villieu (01).
Laurent THEVENOT - 2001

Maître Louis Rigal, conseiller général et ancien adjoint au maire de Lyon à la mairie du 8ème arrondissement, a été président de l’OPAC du Grand Lyon de 1959 à 1989 (ex-Office HLM de la ville de Lyon).


  • Jacques SOUSTELLE :
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    Né le 3 février 1912 à Montpellier, Jacques Soustelle a fait ses études de lettres et de philosophie à Lyon. Reçu premier au concours de l’École normale supérieure en 1929, il est diplômé d’ethnologie (1930), professeur agrégé de l’université (1932) et docteur ès lettres (1937). Chargé de plusieurs missions scientifiques au Mexique de 1932 à 1940, spécialiste des civilisations autochtones de l’Amérique, il devient sous-directeur du musée de l’Homme, chargé de cours au Collège de France et à l’École nationale de la France d’outre-mer. Il est professeur à l’École des hautes études en sciences sociales depuis 1951.


    Après l’armistice de juin 1940, il rejoint les Forces françaises libres à Londres. Il est chargé par le général de Gaulle d’une mission diplomatique en Amérique latine (1941), puis assume le commissariat national à l’Information (1942). Les principales étapes de sa carrière politique sont énumérées ci-après : directeur général des Services d’action en France, à Alger (1943-1944), commissaire de la République à Bordeaux, député à la première Assemblée constituante, ministre de l’Information, puis des Colonies (1945), secrétaire général du RPF (1947), député du Rhône (1951, réélu en 1956, 1968 et 1973), gouverneur général de l’Algérie (1955-1956), ministre de l’Information dans le gouvernement de Gaulle (1958), ministre délégué auprès du Premier ministre, chargé du Sahara, des DOM et TOM et des Affaires atomiques dans le gouvernement Debré (1959-1960).


    Ayant démissionné, il séjourne à l’étranger de 1961 à 1968, puis rentre en France après avoir écrit plusieurs ouvrages scientifiques ou politiques. Réélu député du Rhône, il siège à l’assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe et à l’assemblée de l’Union de l’Europe occidentale en 1973. Chargé par le président de la République d’une mission parlementaire auprès du premier ministre, il dépose en 1975 un rapport sur la recherche française en anthropologie et archéologie. Il est élu président du "Groupe PACT" (Application des techniques physico-chimiques à l’archéologie) du Conseil de l’Europe à Strasbourg (1975). Il est chargé de plusieurs missions économiques et culturelles au Mexique et en Amérique du Sud. Il reçoit le prix international Alfonso-Reyes en 1981. Membre du conseil d’administration des Alliances françaises, président du Centre universitaire européen pour les biens culturels (Ravello, Italie) relevant du Conseil de l’Europe à Strasbourg (1982), il est élu à l’Académie française, le 2 juin 1983, au fauteuil de Pierre Gaxotte (36e) et est reçu sous la coupole le 24 mai 1984 par Jean Dutourd.

     

    Jacques SOUSTELLE est mort le 6 août 1990. Il était commandeur de la Légion d'honneur et médaillé de la Résistance avec rosette.

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